Tout commence le 13 novembre 2022.
Après 37 jours de road trip à travers l’Indonésie et 24h/24 avec Lau, nous devons nous quitter sur Kuala Lumpur pour continuer notre voyage. On est en PLS.
L'objectif est simple : je dois rejoindre le bateau de croisière sur Sorong, sur lequel je vais vivre et dormir pendant 12 nuits.
Je prends le taxi et me dirige vers l’aéroport. Je pensais être bien en avance mais finalement, pas tant que ça.
J’ai quelques coups de chaud à cause du temps d’attente, des longues file d’attentes, des process long… et du coup ça me rend just sur le timing pour prendre le vol.
Bref.
Je prends l’avion pour un vol de 4h direction l’île de Java, c’est la première étape du long voyage qui m'attends.
Une fois l’avion posé sur le tarmac, le fameux ding nous autorise à nous lever. Je récupère mon sac.
En attendant l’ouverture des portes je me dis que je vais faire un rangement de la poche principale.
Je l'ouvre, prends mon passeport et le mets dans la poche arrière de mon jean.
J’enlève deux trois papiers puis je retrouve le passport.
Soit je perds la boule, soit j’ai mis mon passeport dans ma poche il y a 2 min.
Merdeeeeeeee! Non non non noooooooooon 😱
C’est pas possible, j’ai pas fait ça ?!
Si si je l’ai fait putain.
J’avais embarqué deux passeports… le mien et celui de Lau 🤯🤯💥🧨💣
J’ai dû prendre son passeport en partant de l’hôtel en pensant que c’était le mien…
L’histoire c’est que nous sommes à des milliers de Km, qu'elle à un vol le lendemain, et qu'il n'y a aucune solution.
Gros moment de panique.
J’entre dans un état mental de stress absolu !
Il faut que je trouve une solution : j’imagine tout ce que je peux.
Pour couronner le tout on est dimanche, l’ambassade est fermée et bien sûr, son vol est dans moins de 24h.
Bref.
Voici mes options :
1. Rater mon prochain vol
2. Faire demi-tour
3. L’envoyer par la poste
4. Trouver un transporteur
5. Le mettre dans un avion pour kuala lumpur.
Je retiens la dernière idée.
Objectif : trouver les bureaux et entrer en contact avec le chef d’une compagnie aérienne dans l’aéroport.
Je parle à un gars, qui parle à un autre gars qui parle à un gars un peu plus loin, mais qui comprend rien.
Finalement le premier gars semble être à l’écoute, bien qu’à moitié puisqu'il avait son téléphone dans la main gauche, il était en train de jouer à un jeu de pièce tout en montrant son score à ses collègues.
Malgré la gravité de la situation (qui peut se lire sur mon visage), il continue de jouer. Mais calmement et sûrement, avec de tout petits pas, il se dirige vers un second étage.
J’attends en bas 15 min.
C'est loooooooooooooooooooooooong.
Le problème ? C’est que j’ai un second avion qui m’attend, et je viens d’apprendre que c’est dans un autre aéroport, à 20 min d’ici.
Evidemment, ce n’était pas précisé sur les infos de vols. Il va falloir passer par l’immigration, sortir du territoire puis repasser tous les contrôles et l'immigration à nouveau. Les étapes super chiantes et longues dans un aéroport. Vu la situation, il manquait plus que ça...
Pour couronner le tout, je me demande si ma valise va suivre le changement d’aéroport. Je demande à un mec, il me dit que je dois la récupérer ici. Je demande à un autre mec, il me dit que je dois filer à l’autre aéroport sans m’en occuper.
OMG.
Du coup pour récapituler, à ce moment-là, j’ai un passeport qui ne m'appartient pas, je dois trouver un moyen de lui remettre avant son vol dans moins de 24h. Et je dois assurer ma correspondance en changeant d’aéroport tout en ayant la crainte de perdre ma valise. (Surtout qu'en arrivant sur place, je pars direct en croisière pour 14 jours. Si j'ai pas la valise en arrivant , elle est perdu.)
Bref, je l’ai profondément dans le baba.
Heureusement le prochain vol est dans 4h ce qui me laisse un peu de temps pour trouver une solution et négocier.
Le gars revient et me dit que Airasia, la compagnie qu’il a vu n’est pas d’accord car c’est trop risqué.
« C’est trop important, je veux discuter avec eux. Je peux aller dans leur bureau ? »
Il accepte.
Une fois arrivé dans le bureau, j’explique la situation : c’est grave, je n’ai pas le choix, je dois trouver une solution.
Je joue le misérable (mais pas besoin de comédie, je suis en état de miskinerie et de détresse absolu au naturel).
Ils comprennent et m'écoutent... MAIS ils ne veulent pas car c'est trop risqué pour eux et surtout, "je ne suis pas un passager de leur compagnie."
"Quoi, comment ça ?"
Je vérifié mon billet d'avion : compagnie Batik Airline.
Merde, je suis pas dans les bons bureaux, j'étais persuadé avoir pris Airasia.
Là, c'est comme si je vais chez Apple, et que je dit "bon les gars j'ai un problème avec mon Samsung Galaxy s22, faites quelque chose".
Bref.
De toute manière j'ai pas le choix donc je négocie, je fais tout pour qu’ils comprennent que c’est une situation exceptionnelle, extrême et dramatique.
Coup risqué, mais seule option.
J’ai l’idée de lui proposer de signer une décharge qui stipule qu’en cas de perte du passeport je ne pourrais me retourner contre la compagnie.
Ils acceptent.
Heureusement j’ai affaire à un « ange », il va tout faire pour m’arranger.
Vive AirAsia !
Finalement il y a d'autres galères, et pour faire court il doit mentir et utiliser les données d’un passager au hasard du vol précédent pour justifier à la direction de la compagnie cette opération.
En bref, il ment et utilise une combine pour me sortir de cette galère.
Je signe la décharge, j’y mets les infos et je glisse le tout dans une enveloppe. J'y ajoute un airtag, quite à la sacrifier, pour avoir un suivi.
À partir de maintenant, le reste de l'histoire n'appartient qu'au destin.
Je suis resté au minimum 1h dans les bureaux.
Maintenant, je dois retourner à l’autre aéroport, car j'ai toujours un vol qui m’attend.
Arrivé sur place je mange un bout car avec tout ce stress je n’ai rien avalé depuis 3 mois. (J'étais en jeune)
Non... Je me rappel juste plus du timing.
J’y repense, c’est fou ce qui vient de se passer.
Puis j’y vais, je passe les contrôles…
Puis au moment du X-Ray, mon sac pose problème. Mon trépied. Ils ne veulent pas que je passe avec mon trépied.
Problèmes :
- Il coute 600€ je peux pas le laisser.
- au départ de kuala ils ne m’ont jamais dit que c’était pas autorisé donc je l’ai gardé
- je ne sais même pas où est ma valise donc je ne peux pas le déposer à l’intérieur
- J’ai beau négocié il laisse pas passer
A force de persuasion je fini par être escorté par un agent de la sécurité aérienne pour aller demander face to face à la compagnie si je peux embarquer avec.
C’est un trépied, trois pieds, juste pour poser un fucking appareil. Ça va être compliqué de détourner un avion avec ça.
Le vol est dans moins d'une heure.
On marche 7min pour atteindre la porte. Quasiment la porte la plus loin de l'aéroport. On négocie avec l'équipage directement, ils veulent pas.
Pour eux je dois retourner en bas à l’enregistrement pour mettre le trépied en soute.
« Je veux pas il coûte cher et c’est fragile »
« C’est toi le fragile, retourne chez ta mère sale baptou de français »
« Je suis pas venu en Indonésie pour souffrir ok »
Concrètement retourner à l’enregistrement ? C'est retourner à l’accueil, à l’étape numéro 1 de tout le process. Plus retour au point de départ tu peux pas.
Retour : 10min de marche. En passant à nouveau les contrôle dans les deux sens.
Oui oui, on est d'accord 💀
Finalement en bas, ils font n’importe quoi. Leur seule action sera d’entourer le trépied de scotch épais…
Ils essaient ensuite de le mettre en tant qu’accessoire en soute, mais ils n'y arrivent pas, problème, lorsqu’ils scannent le code de mes affaires en soute, ils ne la trouvent pas. Ils n’ont aucune info, elle n’était pas là où elle devrait être.
Ni une ni deux, je sors mon téléphone et je check le second AirTag. Sapristi, elle est restée dans l’autre aéroport.
On est à 30min du départ de l’avion.
Je suis à l’étape zéro du process. Je n’ai pas ma valise, j’ai peur qu’elle ne soit pas transférée à temps. Et ils ne veulent pas que j’embarque avec mon trépied.
Je retourne à la porte d’embarquement, pour qu’ils puissent vérifier où est la valise et pourquoi ils ne l’ont toujours pas transféré. Escorte par le même gars « Badung », un second ange, il m’emmène directement à la porte en évitant tous les contrôles.
À la porte, aucun personnel de la compagnie aérienne n’est présent. Du coup il me dit d’attendre et de donner le trépied au personnel quand ils arriveront. Puis il me laisse.
L’occasion a ne pas manquer, je le remets dans mon sac et je n’en parlerai pas.
Pourtant, il est sur le côté et visible à tout moment… comme si finalement tout ce que je venais de vivre n’était qu’une blague 🙃.
Finalement j’ai perdu énormément de temps et emmagasiné beaucoup de stress pour rien, puisqu’il est avec moi, à la même place, comme d’habitude. Et personne n’a rien dit ensuite.
Bref.
Je prends le vol qui est censé durer 9h. Trop bien il est 21h je vais pouvoir dormir toute la nuit. Et me reposer de cette journée de dingue.
AH AH.
Une fois dans l’avion, un couple de Français m’apprend que l’avion s’arrête à Makassar pour une escale de nuit. Les compagnies ne le disent pas, mais ce n’est pas un vol direct.
L’escale dure quatre heures avant de reprendre le vol à 3h du matin.
Cette information IMPORTANTE n'est précisée nulle part, ni sur les billets, ni dans les mails ou autres documents (oui, c'est dingue!)
Évidemment la nuit se fait dans l’aéroport, je suis éclaté de fatigue mais on est toujours vivant.
Puis j’arrive enfin au bout de ce périple avec une arrivée a Sorong où je retrouve ma valise et un peu de calme.
De l’autre côté à 2000km, il est 10h00 du matin et Lau se rend à l’aéroport de Kuala Lumpur.
Une fois le passeport sur place un membre de la compagnie devait prendre contact avec. Elle n’a toujours rien. Aucune nouvelle.
Merde merde merde !
Et s'il était resté à Surabaya ? Et si le mec qui devait le prendre l’a laissé dans le bureau ?
Je check la localisation de l’AirTag, nooooooooooon il est resté à Surabaya…
Le temps de lever la tête et de refixer l’écran, la localisation avait changé et affiché le terminal 2 de Kuala Lumpur.
Incroyable ! Surnaturel ! Supracosmique !
80% du boulot est fait.
J’envoie un message à l’ange de Airasia, il ne répond pas. Le contact sur Kuala Lumpur n’a toujours pas levé le petit doigt.
Je conseil à Lau de trouver par tous les moyens les bureaux.
Elle n’était pas dans le bon terminal. Allez switch, prend le train, va à l’autre…
Dans le terminal 2 elle échange avec un personnel d’AirAsia, elle lui dit d’attendre ici 45 min.
Qu’ont-ils fait pendant ce temps-là ? Aucune idée.
Et finalement bien plus d'une heure plus tard…
Conclusion :
Sacrée épopée : quand la vie décide de te valdinguer de tous les côtés pour t’apprendre le lâché prise, ne résiste pas. Il n'y a pas de problème, il y a que des solutions. Ou plutôt, même si il y a des problèmes, il y a toujours des solutions. Et n'oubli pas qu'une victoire n'est qu'une défaite qui insiste.
By the way.
Deux semaines plus tard: c'est ce même ange qui va me sauver pour prendre un vol avec la compagnie aérienne (la bonne cette fois-ci).
À cause d'un retard, Airasia propose de décaler le vol. C'est ce que je souhaite faire. Mais le problème c'est que j'ai déjà choisi une date. Je fais tout pour la changer, me connecter au site, les contacter... Rien ne marche.
Et quand je dit que rien ne marche, on est né avec internet on est pas des billes. Sans rire, le site ne marche pas pour cette opération, aucun billet n'est rattaché à mon nom et surtout impossible de les contacter (c'est plus facile de contacter un humain chez facebook c'est pour dire.)
Bref, je pense à lui et à son WhatsApp.
Résultat ? Il a géré en quelques minutes le problème manuellement. S'il n'avait pas été là j'aurais véritablement été coincé sur Jakarta.
Comme quoi la vie, les rencontres et les événements... ✨
Je suis sûr que les anges et les démons existent.
Ceux sont nous à des moments de notre vie. Nous sommes inspirés par des forces, peut-être guidé ou juste dans un bon ou un mauvais jour. Mais nous sommes tous à un moment l'ange ou le démon de quelqu'un.
Ce jour là, ce mec à été un ange pour moi. Et à deux reprises.
C'est la vie et merci.
Bisous.
Roro.